Notre-Dame-des-Landes L’État esquisse un projet agricole « ouvert » sur la Zad
La préfète de la Région des Pays de la Loire a ouvert la porte à des « projets agricoles au sens large » sur la Zad de Notre-Dame-des-Landes, sous la forme de titres d’exploitation temporaires, délivrés à tous ceux qui accepteront de régulariser leur situation.
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À l’issue du premier comité de pilotage sur la gestion des terres de Notre-Dame-des-Landes, qui a réuni élus du territoire, syndicats agricoles et des représentants d’associations le 19 mars 2018 sous la présidence de la préfète Nicole Klein, tous sont tombés « d’accord sur un projet agricole ouvert », assure la représentante de l’État lors d’un point de presse.
Main tendue
Elle a tendu la main aux occupants du site, qui était prévu pour accueillir le nouvel aéroport nantais, tant qu’ils auront « un projet qui touche quelque part à l’agriculture, au sens le plus large », et qu’ils rempliront « les mêmes conditions que les agriculteurs ailleurs », dont la principale : « l’inscription à la MSA ».
« Cela peut paraître basique mais il n’était pas facile d’avoir un accord », les différentes parties conviées à ce comité de pilotage n’ayant « pas toutes la même vision de l’avenir de ce territoire », souligne la préfète de Région. Nicole Klein a réaffirmé la fermeté de l’État à l’égard de ceux qui « n’ont aucun projet » et qui ne « souhaitent pas respecter l’État de droit ».
Des expulsions à venir
« Il y aura des expulsions, après la fin de la trêve hivernale », redit-elle. Mais celles-ci ne seront pas massives, comme ce fut le cas à l’automne 2012, lors d’une opération d’évacuation de grande ampleur qui a tourné au fiasco. « Il faut donner un signe fort », affirme-t-elle, pointant du doigt la dégradation « inacceptable » la semaine dernière de l’ex-route des chicanes qui venait d’être remise en état.
Exclue des négociations sur l’avenir agricole du territoire, une partie du mouvement anti-aéroport avait appelé à un rassemblement sous les fenêtres de la préfecture, réaffirmant son refus de toute expulsion et sa volonté que les terres soient gérées par « ceux qui l’ont défendue », pour y maintenir également des projets non agricoles. Ce pique-nique militant a réuni environ 300 opposants.
Parmi eux, il y avait beaucoup d’occupants de la Zad. « Ils n’étaient pas invités […] parce qu’ils voulaient discuter d’un projet de vie alors que l’ordre du jour, c’était un projet agricole », justifie la préfète de Région. Une délégation du mouvement anti-aéroport sera reçue ce 20 mars par le secrétaire d’État à la Transition écologique en déplacement dans le département pour évoquer le projet agricole de la zone.
Un constat partagé
L’élaboration de ce projet « prendra du temps, sans doute plusieurs années », reconnaît la préfète, un constat partagé par tous les acteurs. Le représentant de la FNSEA 44, syndicat majoritaire dans le département, s’est cependant dit « très dubitatif » après cette première réunion, notamment sur les réponses données aux « problèmes de sécurité sur la zone ».
« On sent de la part de la préfète que tout est beau, tout est rose, mais malheureusement ce n’est pas le monde des Bisounours quand on est agriculteur sur la Zad », déclare François Guyot, le secrétaire général départemental du syndicat.
1 650 hectares à répartir
Sylvain Fresneau, éleveur laitier sur la Zad et président de l’Adeca, association d’agriculteurs « historiques » ayant refusé de quitter leurs terres et de vendre leurs biens à l’amiable, s’est quant à lui dit « rassuré » de l’ouverture de l’État « à d’autres projets, agricoles ou para-agricoles ».
Dans l’attente d’une redistribution définitive des terres, le comité de pilotage a acté un gel de la situation agricole cette année. Pendant cette « phase transitoire », l’ensemble des parcelles exploitées sur les 1 650 hectares de l’ex-emprise aéroportuaire feront l’objet de conventions d’occupation précaires, c’est-à-dire des titres temporaires.
Celles qui ont déjà été signées seront renouvelées et de nouvelles pourront être conclues « à condition que le titulaire bénéficie du statut d’agriculteur », précise la préfecture. Le prochain comité de pilotage se tiendra le 6 juin.
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